Burn-out et bore-out : deux faces d’un même problème
- natachaaubugeau4
- 15 mars
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 9 avr.

Quand on parle de souffrance au travail, le burn-out est souvent au centre des discussions : surcharge, pression, stress… Mais son opposé, le bore-out, est tout aussi destructeur. Moins visible, moins médiatisé, il résulte d’un ennui profond et d’un manque de sens. Deux réalités qui semblent opposées mais qui partagent en réalité des racines communes.
1. Burn-out et bore-out : de quoi parle-t-on ?
Le burn-out est un épuisement professionnel causé par un excès de travail et de pression. Herbert Freudenberger, psychologue et psychothérapeute américain, qui a popularisé ce concept en 1974, le décrit comme un syndrome d’épuisement physique et émotionnel dû à un investissement excessif dans son travail. Il entraîne une fatigue chronique, une perte de motivation et un sentiment de vide.
Le bore-out, théorisé par Peter Werder et Philippe Rothlin, deux consultants suisses en management, en 2007 dans Diagnose Boreout, est l’inverse : il survient lorsqu’une personne s’ennuie profondément au travail, se sent sous-utilisée, sans défi ni reconnaissance. Contrairement à une idée reçue, ne rien avoir à faire n’est pas reposant : cela peut générer une frustration intense et une perte d’estime de soi.
➡ Dans les deux cas, on assiste à un déséquilibre : trop ou trop peu de stimulation professionnelle.
2. Deux réalités, un même effet : la perte de sens
Que ce soit dans un burn-out ou un bore-out, l’un des déclencheurs majeurs est la perte de sens au travail.
• Dans le burn-out, la personne travaille tellement qu’elle finit par ne plus voir d’intérêt à ce qu’elle fait. L’excès de pression lui donne l’impression d’être broyée par la machine.
• Dans le bore-out, l’absence de mission stimulante détruit l’engagement. On se sent inutile, transparent.
Exemple : Lucie, cadre dans une grande entreprise
Lucie était ultra-performante dans son poste. Après plusieurs promotions, elle a fini par crouler sous les responsabilités. Son stress était tel qu’elle a fini en burn-out. Après un long arrêt, elle est revenue avec un poste allégé… mais s’est retrouvée sans véritable mission. En quelques mois, elle est passée du burn-out au bore-out, se sentant cette fois exclue et inutile.
👉 Le problème n’est pas uniquement la charge de travail, mais l’alignement entre ce que l’on fait et ce qui nous motive.
3. Les symptômes : deux façons de sombrer
Les manifestations du burn-out et du bore-out sont différentes, mais leurs effets à long terme sont proches : dévalorisation, fatigue, anxiété, voire dépression.
Symptômes | Burn-out | Bore-out |
Fatigue intense | Oui | Oui |
Stress permanent | Oui | Non |
Dévalorisation | Oui | Oui |
Perte de motivation | Oui | Oui |
Ennui | Non | Oui |
Sentiment d’inutilité | Parfois | Oui |
Exemple : Thomas, consultant en entreprise
Après des années de travail acharné, Thomas a frôlé le burn-out. Son entreprise, voulant le ménager, l’a placé sur un poste “allégé”. Résultat ? Moins de réunions, moins de pression… mais aussi moins de projets intéressants. Il s’est retrouvé à errer dans les couloirs, attendant que la journée passe. Une lente descente vers le bore-out.
4. Pourquoi les entreprises sous-estiment le bore-out ?
Contrairement au burn-out, qui fait du bruit (arrêts maladie, turnover, baisse de productivité visible), le bore-out est plus silencieux. Il est perçu comme un “faux problème” : comment peut-on souffrir quand on ne fait rien ?
Mais les conséquences sont bien réelles :
✅ Désengagement et baisse de la performance
✅ Absentéisme ou présentéisme déguisé (être là sans être productif)
✅ Perte de créativité et de motivation
✅ Augmentation des risques psychosociaux
Un salarié sous-exploité ne “coûte” pas seulement en termes de productivité : il devient un facteur de fragilité dans l’équipe.
5. Comment éviter ces extrêmes ?
A. Rétablir l’équilibre de la charge de travail
Les managers doivent être attentifs aux signaux faibles : un collaborateur toujours sous pression ou, à l’inverse, qui semble désœuvré.
Exemple : Certaines entreprises font des “baromètres de charge” pour évaluer la répartition du travail et réajuster si besoin.
B. Encourager le feedback et l’expression des besoins
Certaines personnes osent difficilement dire qu’elles n’ont “rien à faire”, par peur d’être jugées. Instaurer une culture du feedback permet de prévenir le bore-out.
C. Donner du sens au travail
Un employé qui comprend l’impact de son travail est moins sujet au désengagement. Donner de la visibilité sur les résultats et les missions peut éviter ce sentiment d’inutilité.
D. Créer des opportunités de développement
Pour les salariés qui s’ennuient, proposer de nouveaux défis (formations, missions transverses) peut redonner du souffle à leur engagement.
Deux extrêmes, un même mal-être
👉 Le burn-out et le bore-out ne sont pas opposés : ce sont deux réactions à une inadéquation entre un individu et son travail.
Si l’un résulte d’un trop-plein et l’autre d’un vide, ils conduisent tous deux à la même issue : une perte d’énergie, d’engagement et de bien-être au travail.
👉 L’enjeu n’est donc pas seulement de réduire la charge ou d’occuper les collaborateurs, mais de s’assurer qu’ils trouvent un équilibre entre challenge et épanouissement.
Et vous, avez-vous déjà vécu ou observé un bore-out autour de vous ? Pensiez-vous qu’il est aussi grave que le burn-out ?
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