Le temps : allié ou adversaire des femmes dirigeantes et entrepreneures ?
- natachaaubugeau4
- 15 mars
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 9 avr.

La gestion du temps est un défi majeur pour les dirigeantes, et encore plus pour celles qui ont fait le choix de l’entrepreneuriat. En tant qu’auto-entrepreneures ou dirigeantes d’entreprise, nous portons plusieurs casquettes : cheffe d’entreprise, commerciale, communicante, gestionnaire, parfois même prestataire directe. À cela s’ajoute souvent la gestion des obligations familiales et personnelles, rendant l’équilibre encore plus délicat à trouver.
Comment ne pas se laisser submerger ? Comment faire du temps un allié stratégique plutôt qu’un facteur d’épuisement ?
Un rapport au temps façonné par des injonctions et des biais culturels
Notre gestion du temps est influencée par des facteurs bien au-delà de l’organisation personnelle.
La société de l’accélération, décrite par Hartmut Rosa, sociologue et philosophe allemand, impose un rythme toujours plus rapide, et l’entrepreneuriat exacerbe ce phénomène : un business qui démarre ou qui repose sur une seule personne laisse peu de marges de manœuvre. Il y a cette pression à “faire tourner la machine”, à répondre aux attentes des clients, à être toujours disponible.
De plus, en tant que femmes, nous devons composer avec une double injonction : celle de réussir professionnellement tout en assumant un rôle encore très marqué dans la sphère personnelle et familiale. Monique Haicault, sociologue, a mis en évidence la notion de charge mentale, et celle-ci pèse particulièrement sur les entrepreneures qui, en plus de gérer leur business, orchestrent souvent l’organisation domestique et familiale.
Enfin, la loi de Parkinson (le travail s’étale pour occuper tout le temps disponible) nous pousse à remplir nos journées de tâches parfois secondaires, par peur de “ne pas en faire assez”. Or, l’entrepreneuriat demande non pas de travailler plus, mais de travailler mieux.
Les défis spécifiques des femmes entrepreneures et dirigeantes
Les entrepreneures que nous accompagnons partagent souvent les mêmes constats :
• “Je suis débordée, mais je ne gagne pas plus.”
→ Les tâches secondaires accaparent du temps au détriment des actions réellement stratégiques.
• “Je passe trop de temps à gérer l’administratif et la prospection.”
→ L’absence de structuration et d’automatisation fait perdre en efficacité.
• “J’ai du mal à poser des limites avec mes clients.”
→ La peur de perdre des opportunités amène à accepter trop de demandes, souvent chronophages.
• “Je n’ai jamais vraiment de temps pour moi.”
→ L’absence de coupure entre vie pro et perso génère une fatigue latente.
Face à ces constats, quelles stratégies mettre en place ?
Ajustements bénéfiques : travailler moins mais mieux
Les entrepreneures performantes ne sont pas celles qui travaillent 70 heures par semaine, mais celles qui savent prioriser et structurer leur temps de manière stratégique.
1. Clarifier ses priorités et revoir son organisation
• Méthode Eisenhower : Classer les tâches selon leur urgence et leur importance. Exemple concret : Une entrepreneure dans le conseil peut passer trop de temps sur des mails non essentiels alors que son vrai levier de croissance est le développement de nouvelles offres.
• Principe de Pareto (80/20) : Identifier les 20 % d’actions qui génèrent 80 % des résultats. Exemple : Si 80 % de votre chiffre d’affaires provient de 20 % de vos clients, concentrez-vous sur leur fidélisation plutôt que sur des petites missions peu rentables.
• Time blocking : Bloquer dans son agenda des créneaux pour des tâches spécifiques (ex. : le matin pour la création de contenu, l’après-midi pour la gestion client).
2. Automatiser et déléguer intelligemment
• Automatiser l’administratif : Utiliser des outils comme QuickBooks, Freebe ou des cabinets spécialisés comme @Duo Solutions ou @Tiime pour gérer sa comptabilité et éviter d’y passer des heures.
• Utiliser l’intelligence artificielle : ChatGPT, Notion AI, Canva AI ….peuvent aider à générer du contenu, structurer des documents ou automatiser certaines tâches répétitives.
• Externaliser quand cela est possible ce qui n’est pas stratégique : Recruter un(e) assistant(e) virtuelle, ou un community manager peut libérer du temps sur des tâches où votre valeur ajoutée est moindre.
3. Poser des limites et s’imposer un cadre
• Créer une grille tarifaire claire et s’y tenir, pour éviter de perdre du temps à négocier ou à travailler sur des missions sous-évaluées.
• Apprendre à dire non : Accepter toutes les demandes (y compris non rentables) conduit à une dispersion qui freine la croissance.
• Fixer des horaires de travail et s’y tenir : Par exemple, décider que les mails ne sont lus qu’à deux moments de la journée au lieu d’être une distraction permanente.
Changer de paradigme : de la gestion du temps à la gestion de l’énergie
Plutôt que d’optimiser chaque minute, il est souvent plus efficace de raisonner en cycles d’énergie.
Tony Schwartz, journaliste américain, dans son livre “The Power of Full Engagement” identifie quatre types d’énergie qui influencent directement notre productivité et notre bien-être :
Les 4 énergies essentielles à gérer
1. L’énergie physique : la base de la performance
L’énergie physique est notre réservoir d’énergie brute. C’est elle qui nous permet de tenir dans la durée et d’avoir une bonne endurance au quotidien. Elle dépend de plusieurs facteurs :
L’alimentation : une alimentation équilibrée permet d’éviter les coups de fatigue et d’améliorer la concentration.
Le sommeil : un sommeil de qualité est essentiel pour maintenir un bon niveau d’énergie et une prise de décision optimale. « Pourquoi nous dormons » de Matthew Walker, professeur en neuroscience, rappelle qu’un sommeil de qualité booste la productivité.
L’activité physique : l’exercice régulier permet d’oxygéner le cerveau et d’améliorer la résistance au stress.Kelly McGonigal, psychologue américaine, (The Joy of Movement) montre que l’exercice physique réduit le stress et améliore les capacités cognitives.
Les pauses régulières : notre corps fonctionne par cycles, et il est bénéfique d’alterner périodes de concentration et moments de récupération.
Beaucoup de femmes entrepreneures négligent leur énergie physique en sacrifiant le sommeil et l’alimentation pour répondre aux nombreuses sollicitations de leur activité. Il est crucial de mettre en place des rituels de récupération, comme des moments de sport, des repas équilibrés et des pauses pour maintenir une performance durable.
2. L’énergie émotionnelle : la clé de la résilience
L’énergie émotionnelle détermine la qualité de nos relations, notre motivation et notre capacité à gérer le stress. Elle est influencée par :
· Notre état d’esprit : cultiver la gratitude et le positivisme aide à maintenir une énergie émotionnelle stable. Pratiquer la gratitude : un simple carnet où l’on note 3 réussites par jour améliore la motivation.
· Notre gestion du stress : apprendre à réguler ses émotions évite les épuisements liés aux montagnes russes émotionnelles.
Notre entourage : les relations positives stimulent notre énergie, tandis que les environnements toxiques l’épuisent.
L’équilibre entre vie pro et vie perso : prendre du temps pour soi et ses proches nourrit l’énergie émotionnelle.
Face à la solitude entrepreneuriale, il est essentiel de s’entourer de réseaux de soutien (comme GFE86 !), de cultiver la bienveillance envers soi-même et d’apprendre à dire non pour préserver son équilibre émotionnel.
3. L’énergie mentale : la capacité de concentration et de clarté
L’énergie mentale est notre capacité à prendre des décisions, résoudre des problèmes et rester concentré. Elle est influencée par :
L’environnement de travail : un espace organisé favorise une meilleure concentration.
La gestion des distractions : réduire les interruptions (notifications, e-mails) permet d’améliorer la productivité.
Les routines de travail : alterner des phases de concentration profonde et de récupération optimise l’efficacité.
L’apprentissage continu : stimuler son cerveau avec des lectures, des formations ou des défis permet de maintenir une bonne énergie mentale.
Utiliser des méthodes comme le time blocking ou la méthode Pomodoro (travailler en cycles de 25 à 90 minutes puis faire une pause) permet d’optimiser la concentration. De plus, limiter la charge mentale en planifiant et en externalisant certaines tâches est une stratégie clé.
4. L’énergie spirituelle : le moteur de l’engagement
L’énergie spirituelle n’a pas de connotation religieuse ici, mais fait référence à notre alignement avec nos valeurs, notre mission et notre raison d’être. Elle est nourrie par :
Un travail qui a du sens : se reconnecter à ce qui nous motive intrinsèquement booste l’énergie.
Des valeurs claires : prendre des décisions alignées avec ses valeurs réduit le stress et améliore l’engagement.
Le sentiment d’impact : aider les autres, contribuer à un projet plus grand que soi nourrit notre énergie spirituelle.
Beaucoup d’entrepreneures se lancent avec une passion forte, mais peuvent perdre en motivation face aux contraintes du quotidien. Il est essentiel de se recentrer régulièrement sur ses valeurs, de prendre du recul et de célébrer les réussites, même petites.
Comment appliquer concrètement les 4 énergies ?
Établir des routines de récupération : intégrer sommeil, sport, alimentation équilibrée dans son emploi du temps.
Gérer son état émotionnel : pratiquer la gratitude, la méditation ou des activités qui génèrent des émotions positives.
Optimiser la concentration : bloquer des créneaux de deep work (travail profond) et limiter les distractions.
Se reconnecter à son pourquoi : prendre régulièrement du temps pour réfléchir à ce qui nous anime réellement et réajuster ses priorités.
Un changement de paradigme : Gérer son énergie plutôt que son temps
La gestion du temps seule est insuffisante si nous ne prenons pas soin de notre énergie. En optimisant ces quatre piliers, nous pouvons être plus performantes tout en évacuant la pression du "toujours plus"
• Redéfinir son “pourquoi” avec la méthode Ikigaï.
• Aligner son business sur ses valeurs : Simon Sinek, enseignant et auteur de livres sur le management et la motivation, dans “Start With Why”, montre que les entreprises les plus durables sont celles portées par une mission forte.
Une invitation à repenser notre rapport au temps
Que vous soyez dirigeante d’une grande entreprise ou entrepreneure solo, nous faisons toutes face aux mêmes défis de gestion du temps. La clé n’est pas de travailler plus, mais de travailler mieux, en respectant son énergie et ses valeurs.
Et vous ? Quels sont vos plus grands défis dans la gestion du temps ? Avez-vous mis en place des stratégies qui ont transformé votre quotidien ?
Continuons cette réflexion ensemble et partageons nos expériences. Parce que le temps, loin d’être une contrainte, peut devenir un levier puissant lorsqu’on apprend à le maîtriser de manière alignée et stratégique.
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