Quand le doute s’invite chez le dirigeant
- natachaaubugeau4
- 2 avr.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 13 avr.

Le doute n’est pourtant pas une faiblesse. C’est un signal précieux. Il nous dit qu’un ajustement est nécessaire. Qu’il est temps de questionner ce qui semblait évident. Mais pour cela, il faut s’autoriser un pas de côté. Prendre de la hauteur. Ouvrir un espace où les questions ont le droit d’exister sans jugement.
C’est là que le coaching prend tout son sens. Pas comme une solution miracle, mais comme un espace pour respirer, clarifier, remettre du sens. Et quand ce coaching s’appuie sur l’équi-coaching, quelque chose de plus profond peut émerger. Car le cheval, lui, ne se laisse pas impressionner par les titres ni les postures. Il ressent. Il reflète. Il met à nu.
Lors d’une séance, ce dirigeant épuisé par la sur-responsabilité se tient face à un cheval qui refuse d’avancer. Il a tout essayé : autorité, encouragement, stratégie. Rien. Jusqu’au moment où, lui-même, ralentit. Pose son regard. Respire. Change de posture. Là, le cheval bouge. Ce simple mouvement devient révélation : "Si je ne m’aligne pas, je perds la coopération."
Ce que le cheval rend visible, ce sont nos schémas profonds, souvent inconscients. Ces injonctions internes que l'on traîne depuis l’enfance ou la culture familiale : sois fort, sois parfait, fais plaisir, sois rapide, fais des efforts. Ces drivers, comme les appelle l’analyse transactionnelle, nous poussent à agir coûte que coûte. Mais en contexte difficile, ils deviennent des pièges. On agit par réflexe, non par choix. Et c’est là que l’on s’épuise.
Ces drivers font partie d’un système plus large encore : nos modèles mentaux. Comme le décrit Peter Senge, chercheur en management systémique et auteur de La Cinquième Discipline, un modèle mental est « une image profondément ancrée, souvent inconsciente, qui influence notre manière de comprendre le monde et d’agir ». Ces filtres façonnent nos décisions, nos réactions, nos relations. Tant qu’ils ne sont pas identifiés, ils dirigent notre vie à notre insu.
« Ce n’est pas parce qu’on ne voit pas une chaîne qu’elle ne nous empêche pas d’avancer. »— Ivan Boszormenyi-Nagy
Identifier ces fidélités inconscientes, c’est ouvrir une brèche vers plus de liberté.
Le cheval, là encore, agit comme révélateur : il se bloque quand vous êtes en train de rejouer une scène ancienne, il vous suit quand vous êtes pleinement vous.
Mais cette transformation ne se fait pas seul. Et ce pas de côté, s’il peut commencer en séance, se renforce dans le lien aux autres. Rejoindre un réseau de pairs, c’est briser l’isolement. Écouter d’autres dirigeants dire « moi aussi, je traverse ça », c’est ouvrir la porte à la vulnérabilité, donc au courage. Parce que le collectif soutient. Il autorise. Il inspire..
Concrètement, il existe des moyens simples pour avancer :
Prendre un moment chaque semaine pour se poser cette question : "Qu’est-ce qui, aujourd’hui, me pousse à agir ? Est-ce un choix ? Ou un conditionnement ?"
Visualiser sa carte des loyautés : que m’a transmis ma famille, mon histoire, que je reproduis inconsciemment ?
Faire un exercice de posture : debout, pieds ancrés, yeux fermés. Revenir au souffle. Sentir où est la tension. Nommer ce qui se joue.
Marcher, en conscience : Laisser le corps prendre le relais de l’esprit. Ralentir pour mieux percevoir.
Ce sont ces petits gestes, ces rituels simples, qui réinstallent la lucidité. Le courage, aussi. Celui de prendre des décisions plus justes, plus alignées. Pour soi, pour l’équipe, pour l’entreprise.
Le rôle du dirigeant n’est pas d’avoir toutes les réponses. C’est d’avoir la capacité de se remettre en question, de rester debout dans l’incertitude, d’écouter ce qui bouge en lui. Et parfois, il suffit d’un espace bienveillant, d’un silence partagé avec un cheval, d’une parole dans un réseau, pour que tout commence à se réaligner.
Je crois profondément qu’il ne s’agit pas de devenir un dirigeant parfait, mais un dirigeant présent, conscient, ancré, authentique. Et cela, ça se cultive...
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