L’urgence de ralentir : Pourquoi les dirigeants les plus lucides sont ceux qui savent lever le pied ?
- natachaaubugeau4
- 26 avr.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 3 jours



Dans un monde où la vitesse est devenue une norme, ralentir relève presque de la provocation.
Les dirigeants que j’accompagne arrivent souvent en séance avec cette pression dans le regard : une course contre le temps, contre les indicateurs, contre les urgences à répétition. Ils tiennent, mais à quel prix ? Et surtout, pour qui ?
Il faut bien admettre que dans l’imaginaire collectif, ralentir, c’est perdre du temps. C’est prendre du retard. C’est risquer de passer pour quelqu’un de moins engagé, de moins "capable". Pourtant, c’est exactement l’inverse.
Ralentir, c’est se rendre disponible à ce qui compte. C’est sortir de l’agitation pour retrouver la présence. C’est prendre le temps de penser juste, plutôt que de faire vite.
Et dans les moments de bascule – ceux où le doute gronde, où les choix deviennent flous, où l’on sent que “quelque chose” ne va plus – ralentir devient un acte de lucidité.
Le cheval ne court jamais pour rien
Dans l’équi-coaching, cette leçon est omniprésente. Le cheval ne répond pas à l’urgence. Il ressent l’état intérieur de la personne. S’il sent la précipitation, le contrôle ou l’agitation, il se bloque. Il observe. Il attend qu’on revienne à un rythme juste.
Ce rythme, c’est celui du vivant. De l’alignement.Pas celui de l’agenda surchargé.
Et c’est souvent lorsque le dirigeant s’autorise enfin à ralentir sa respiration, détendre son corps, poser son regard, que le cheval entre en relation. C’est ce moment-là que je cherche à créer dans mes accompagnements : une pause qui ouvre, un ralentissement qui reconnecte.
Quand l’urgence devient un modèle mental
Peter Senge, auteur de La Cinquième Discipline, parle des modèles mentaux comme de filtres inconscients qui influencent nos actions. Le modèle mental de l’urgence — celui du “toujours plus vite, toujours plus tôt” — est profondément ancré dans notre culture professionnelle.
Ajoutons à cela les drivers hérités de l’enfance (Dépêche-toi, Fais des efforts, Sois parfait), et nous obtenons une équation simple : des dirigeants brillants, mais épuisés, sous tension permanente, coupés de leurs ressources profondes.
Or, un dirigeant qui ne prend plus le temps d’écouter ce qui se passe en lui ne peut plus capter ce qui se joue autour de lui.
Ralentir, ce n’est pas s’arrêter
C’est important de le préciser : ralentir n’est pas renoncer. C’est changer de rythme pour changer de regard.
C’est s’offrir un espace pour questionner ses automatismes :
Pourquoi suis-je toujours dans l’urgence ?
Est-ce que je crois que ma valeur est liée à ma productivité ?
Que se passerait-il si je faisais moins, mais mieux ?
Ce sont ces questions-là qui transforment. Et elles surgissent rarement dans le tumulte. Elles demandent du silence, du recul… et parfois un cheval pour venir les incarner.
Quelques pratiques pour oser ralentir
Voici quelques leviers que j’utilise en coaching et en équi-coaching pour accompagner ce pas de côté :
🔸 La pause consciente : s’accorder 10 minutes chaque jour sans téléphone, sans objectif, juste pour respirer et observer ce qui se passe en soi.
🔸 La marche réflexive : marcher sans but précis, en laissant venir les pensées, les ressentis, les idées. Le corps en mouvement apaise le mental.
🔸 Le “non-agir” en séance équi-coaching : ne rien demander au cheval. Être là, juste là. Et voir ce qui se passe quand on n’attend rien.
🔸 Identifier son rythme naturel : noter les moments où l’on est efficace, inspiré, calme… et ceux où l’on est agité, dispersé. Redéfinir son tempo intérieur.
🔸 Sortir du “faire pour faire” : se poser la question “Pourquoi je fais ça ?” avant chaque action-clé. Cela permet de revenir à l’essentiel.
Et si le vrai courage, c’était de ralentir ?
Dans une époque qui valorise la performance et la rapidité, ralentir est un acte radical. Un choix de conscience. Un engagement envers soi-même, son équipe, son entreprise.
Les dirigeants les plus inspirants que j’ai rencontrés sont ceux qui savent lever le pied pour mieux ressentir, mieux comprendre, mieux décider.
Parce que ralentir permet de réentendre sa boussole intérieure. Et que le leadership, finalement, ce n’est pas une course à gagner…C’est une direction à incarner !
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